Un vin primeur est un vin jeune destiné à être consommé dans les mois suivant la récolte. Par exemple, le beaujolais primeur ou “beaujolais nouveau” peut être bu à partir de la fin du mois de novembre.
Si cette définition est valable dans toutes les régions viticoles françaises, à Bordeaux l’expression « vins primeurs » revêt une autre acception. En effet, les grands crus classés et assimilés (5% à 10% de la production bordelaise) sont mis en vente alors que les vins ne sont pas encore « définitifs » ; ils doivent encore être élevés 18 mois en barriques dans les chais des châteaux. Cette pratique, qui existe à Bordeaux depuis plus de deux siècles, s’appelle la « vente en primeur ». Elle s’effectue du château vers le négociant, qui revendra ensuite aux particuliers ou à d’autres distributeurs comme les sites Internet marchands.
Si les châteaux s’assurent par ce biais une rentrée immédiate de trésorerie, les acheteurs peuvent aussi espérer un avantage : obtenir une décote par rapport au prix final du vin lorsqu’il sera mis sur le marché en bouteilles deux ans plus tard. Cette décote est considérée comme intéressante si elle dépasse -30%. C’était souvent le cas, voire bien plus, au début des années 1980, mais ce bénéfice s’est réduit au fil des millésimes. Tandis que certains acheteurs se procurent les vins pour leur cave personnelle, de nombreux autres spéculent en revendant les bouteilles aux enchères, une tendance en forte hausse depuis le mythique 2000.?
Compte tenu de ces enjeux, on comprend l’immense intérêt que suscitent les fameuses dégustations “en primeur” opérées sur place à Bordeaux par de nombreux critiques du monde entier, car leurs notes seront décisives pour le prix de chaque bouteille.
Au-delà du Bordelais, certains grands domaines de Bourgogne et du Rhône proposent eux aussi leurs vins en primeurs depuis quelques années.
Source: La Revue du vin de France